Court-circuite ton cerveau

Salut à toi, grimpeur…bloqué ? Une fois n’est pas coutume, je vais te raconter un peu ma vie. (Ne pars pas tout de suite, il y aura aussi des astuces sympas pour progresser en grimpe !)

Je parie que, toi aussi, tu bloques à un pallier. Au début, tu progressais à chaque séance, tu avais l’impression que rien ne te résistait, et puis d’un coup, arrivé à un certain niveau, tu stagnes. Tu ne sais pas t’expliquer pourquoi, mais ce pallier, tu n’arrives pas à le franchir. Alors déjà, pas d’inquiétude, ça arrive à tous les grimpeurs. Pour ma part, ce pallier, c’est le 6.

Je te propose d’essayer de comprendre ce qui te freine, et puis je te donnerai mes astuces pour te débloquer. 🙂 (Tout un programme !)

Pourquoi tu bloques ?

La technique

Je ne suis pas une grimpeuse émérite, et je pense que si tu lis cet article, c’est que tu es toi-même débutant ou que tu grimpes en dessous du 7… (Je peux me tromper hein ! Si tu grimpes du 8a à une main, n’hésite pas à me contacter, tu as sûrement plus à m’apprendre que l’inverse ! :D)

Là où je veux en venir, c’est que souvent le premier truc qui bloque les (plus ou moins) débutants, c’est la technique. Dans les voies les plus faciles, pas besoin de placer tes pieds correctement, ou de jouer sur ton positionnement plus que ça… Il y a tellement de prises que tu peux très bien t’en sortir sans vraiment travailler ta technique. Au pire, aux premières difficultés, tu compenses avec la force (pour ceux qui en sont capables… perso je n’ai jamais été fichue de me tracter à la force des bras, je restais donc bloquée assez bas…). Et c’est une ERREUR !

Négliger la technique, c’est prendre de mauvaises habitudes, qu’il sera d’autant plus difficile de désencrer après.

Alors, si tu as tendance à poser tes pieds un peu n’importe comment, à beaucoup forcer sur les bras, et à toujours grimper de face, tu fais probablement partie des grimpeurs bloqués par la technique. La solution est simple : la travailler.

Travaille ta technique

La première chose à travailler (et le principal problème chez les débutants), c’est poser correctement tes pieds. Il faut que tu apprennes à te servir du bas de ton corps pour forcer, ne pas tout mettre dans les bras. Je te propose une série d’exercices pour travailler ta technique ici, vas jeter un œil ! C’est toujours utile. 😉

Le mental

La seconde catégorie est beaucoup plus vicieuse, puisque le problème, il est dans ta tête. Et c’est à cette catégorie que j’appartiens. Ne me demande pas pourquoi, mais je me suis fait une montagne du niveau 6, et rien qu’à l’annonce de la cotation, je fais un blocage direct. (Ça ressemble à quelque chose comme : « Tiens, elle à l’air sympa cette voie, je me la tenterais bien… C’est quoi ? UN SIX A ??! Ah non mais laisse tomber, j’y arriverai jamais…. Enfin je peux toujours tenter, mais j’arriverai jamais en haut ! »)

Ça te parle ? (Je me sens moins seule… 🙂 ) C’est super dur de réussir quelque chose si toi-même tu n’y crois pas, et que tu es convaincu que tu vas échouer. Il est même plus que probable que tu échoues pour de bon. A la moindre difficulté, tu vas lâcher, en te disant que « de toute façon c’est au dessus de ton niveau, c’est normal que tu n’y arrives pas ».

Alors attention, je ne te demande pas de te mettre la pression et d’aller jusqu’à te faire mal pour ne pas lâcher quand c’est trop dur. Mais il ne s’agit pas de se donner des excuses un peu trop faciles non plus…

Si tu grimpes du 5a, 5b sans trop de difficultés, et que tu arrives à sortir des 5c à vue, c’est que le 6a t’es accessible. Ce n’est pas au dessus de ton niveau. C’est juste ton niveau max. (Pour rappel, ton niveau max, c’est la plus hate cotation que tu es capable d’enchaîner après travail). Si tu n’arrives pas à grimper une voie à vue, ce n’est pas qu’elle est trop dure, ça veut juste dire que tu as besoin de la travailler un peu pour y arriver. Et c’est normal.

Une astuce pour tromper ton cerveau

Mais venons-en au but de cet article, qui est quand même de te donner des solutions au problème du blocage mental. (Et c’est à ce moment que l’anecdote tant attendue fait son apparition. 😉 )

Ma petite histoire…

Un jour je suis partie grimper en falaise, dans les calanques marseillaises avec des amis, et je repère une voie qui a l’air sympathique, sur un mur avec que des voies faciles, et à mon niveau. (A l’époque, je reprenais la grimpe en falaise, et je me risquais timidement dans du 5a, 5b en tête… Et souvent je paniquais en route, et je faisais des crises de nerfs sur le caillou si un mouvement était un peu trop engagé… ).

Je demande donc à un de mes amis, qui avait le topo en main, de me donner la cotation de la voie. Il me répond que c’est un 5a. Confiante, je me dis que c’est faisable, et je me lance. Arrivée au crux, je trouve ça quand même pas facile. C’est de la dalle avec peu de prises, un peu engagé, et avec un mouvement pas évident… Mais après tout, ce n’est qu’un 5a, je dois pouvoir y arriver ! C’est à mon niveau. Donc je tombe une première fois, je retente et ça passe à la deuxième. Je finis ma voie en tête, et je fais ma croix « après travail ».

Et là, le pote qui m’avait donné la cotation revient me voir avec un petit sourire en coin, et me dit, tout content : « en fait je me suis trompé, c’était pas du 5a, mais un 5c+ ! ». Il avait réalisé ça au moment où je grimpais, et il a attendu que je passe la voie pour me le dire.

Moralité…

C’est là que je me suis rendue compte que mon blocage était complètement dans ma tête. Persuadée que je grimpais dans du 5a, je ne me suis pas posé de questions, j’étais sûre de pouvoir y arriver, et j’ai réussi. Alors que si j’avais su que c’était du 5c+, j’aurais sûrement abandonné au crux en me disant « Nan mais ça a l’air quand même vachement compliqué… En même temps c’est normal, c’est du 5c+, c’est pas de mon niveau. »

Pour te donner une idée, ma binôme de grimpe du jour, qui normalement est un peu plus forte que moi, a tenté la voie, et elle n’a pas passé le crux ! J’étais tellement fière, et surprise d’avoir réussi ! J’ai convaincu mon cerveau que la voie n’était en théorie pas difficile, et que donc je devais être capable de réussir. Du coup, au moment du passage difficile, j’y suis allée sans apprehensions, et je l’ai passé en seulement 2 essais.

(Le pouvoir des croyances, c’est fou….)

Mon conseil

Mon astuce du jour, tu l’as vue venir, c’est de grimper sans connaître la cotation de ta voie. Pour ne pas te lancer dans du 7b par erreur (peu probable, mais tout le monde peut se tromper), demande à un pote de choisir une voie pour toi, à ton niveau. Bien sûr, il ne te révélera la cotation de la voie qu’une fois que tu l’auras montée ! 😉

Tu verras, tu vas te surprendre toi-même ! Il faut savoir que les cotations des voies sont un peu subjectives, surtout dans les petits niveaux. Elles dépendent des ouvreurs. Personne ne se soucie vraiment de savoir si un 4a tire plus vers le 3c ou le 4b… Et tu vas peut être galérer dans un 5b et trouver une 6a tout à fait abordable !

Donc, essaie différents types de voies (ne fais pas que de la dalle ou du dévers par exemple, varie les styles et les techniques). Et surtout, ne pars pas avec des a priori sur l’issue de la voie. Si tu dois en avoir un, c’est que tu peux le faire, et que tu vas réussir ! 🙂 Et puis si tu n’y arrives pas du premier coup, c’est pas grave. C’est pas du one shot, tu peux réessayer.

Dans tous les cas, rien ne remplace la pratique…

Je vais terminer en te donnant le conseil d’un prof d’escalade que j’ai rencontré lors d’un stage de grimpe (Léo).

Que ton blocage soit mental, plutôt technique, ou même un peu des deux, le meilleur moyen de réussir à passer ce pallier qui te bloque, c’est de grimper. Encore et toujours. Ne pas désespérer, ne pas abandonner, et continuer. Grimper des km de voie dans ton niveau max (et juste en dessous) sans rester bloqué sur une voie.

Si tu n’y arrives vraiment pas, parce qu’un mouv’ te résiste, même après plusieurs essais, passe à autre chose. C’est en grimpant de nouvelles voies que tu vas découvrir de nouveaux mouvements, et progresser. Et ce n’est pas parce que tu auras réussi CE mouvement que tu pourras considérer ce niveau comme acquis et passer au niveau au dessus. Alors privilégie la quantité (et ne cherche pas à faire tes croix à tout prix à chaque fois).

Tu pourras commencer à passer des séances entières à travailler une voie en particulier quand tu approcheras le 8… 😉

Ce que Léo m’a dit, c’est qu’au bout d’un moment, tu vas tomber sur une voie, et tu vas avoir le déclic. Tu vas sentir que les voies que tu grimpes sont plus simples qu’avant, que tu les réussis quasiment à chaque fois à vue… Ça y est, tu as augmenté ton niveau max. 🙂 Et ça, il n’y a que la pratique qui peut te l’apporter.

Alors enfile tes chaussons, et feu !

Moi je te souhaite bonne grimpe, et à la prochaine ! 🙂

Partager cet article

5 commentaires sur “Court-circuite ton cerveau”

  1. Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. Ben oui. Je crois que c’est de Saint-Exupéry, ce magnifique conquérant de l’impossible.
    Ton article illustre bien ça, ne pas connaître toutes les difficultés à l’avance permet de mobiliser ses ressources sur les difficultés réelles et pas de fantasmer dessus.
    J’en ai une autre, dans le style, ce bon vieux Sénèque : Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles. Celle-là est sur mon frigo, je m’en suis fait une règle de vie. Enfin, de Vie. Ça rejoint ce que tu dis.

  2. Hello ! Merci pour cet article motivant 😉
    J’aime beaucoup ton conseil pour hacker le cerveau ^^
    Faut avoir un ami sympa quand même… 😉
    Et, comme tu le dis en conclusion, rien ne vaut la pratique. S’entraîner, s’entraîner, s’entraîner !

    1. Salut Jung,
      Haha oui c’est mieux d’avoir un pote sympa ! 😉
      En effet, toute la théorie du monde ne peut pas remplacer une pratique régulière ! 😉 Au bout d’un moment, faut se lancer, et persévérer ! 😀 Ca finit toujours par payer !

  3. Bonjour Laura,

    Je ne fais pas d’escalade mais je fais d’autres sports 😉 Je retrouve ce que vous dites sur le mental dans ces sports là et dans la vie aussi. Ce qu’on croit nous conditionne et favorisera ou non notre réussite. C’est à nous de décider si nous souhaitons avoir des croyances aidantes ou limitantes !

    Pour la technique, ça rejoint aussi les autres sports car ne miser que sur les bras nous permettra de passer quelques niveaux mais ne fera pas de nous un grimpeur complet.

    Mais du coup je me pose une question 🙂 Conseillez vous d’être excellent avec une partie du corps ( les bras par exemple) ou plutôt complet en utilisant tout notre corps ?

    Merci pour cet article,

    A bientôt
    Julien
    https://vos-objectifs-ma-priorite.fr/

    1. Merci pour ce commentaire. 🙂
      Je pense qu’être le plus complet possible est ce qu’il y a de mieux. Surtout en sport, si la discipline pratiquée requiert tout le corps, ce n’est pas pour rien. Il y a forcément un moment où devoir compenser avec une partie du corps le fait qu’on en utilise pas une autre va devenir limitant pour la progression. Après je connais un grimpeur unijambiste qui grimpe dans du 8, mais dans la mesure où on dispose de tout son corps, autant s’en servir ! 😉 (Et puis avoir un corps harmonieux est toujours plus joli que des bras énorme pour des cuisses toutes maigres…)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *