Salut à toi, grand maître du zen… Ah non ? C’est pas ça ? Tu es en panique et tu aimerais savoir comment gérer les situations stressantes ? Parfait, dans ce cas, allons-y !
Je te propose plusieurs conseils tirés du livre Fear !, qui regroupe les témoignages de 15 athlètes sur la façon qu’ils ont de gérer la peur. (Je t’explique ça ici).
Cet épisode va te parler de méthodes pour te calmer, te recentrer et rester zen, en toute circonstance. Elle peuvent t’aider dans le cadre d’un événement particulièrement stressant, ou tout simplement t’aider à vivre plus sereinement au quotidien, et t’aider à atteindre tes objectifs. (On frôle le développement personnel. 😉 ) Bon, allez, trêve de bavardage, on s’y met !
Alexander Schulz : Oublie tout ce dont tu n’as pas besoin
Le pouvoir de la pensée positive
Alexander est slackliner professionnel, et quand il se retrouve entre ciel et terre à des dizaines de mètres du sol, il ne s’autorise aucune pensée négative. Tous ses doutes, ses insécurités, il les met de côté pendant sa traversée. Dès qu’il les sent arriver, il les range dans un coin, il ne les laisse pas s’installer, même quand il perd l’équilibre pour la 5ème fois d’affilée.
Facile à dire « ne laisse pas entrer les pensées négatives »… Alexander a trouvé une parade. Plutôt que de s’empêcher de penser négatif, il se remplit la tête de pensées positives. Tu ne peux pas penser à 10 000 trucs en même temps, pas vrai? Alors utilise tout l’espace de ton disque dur interne avec des phrases comme « Je peux le faire », « Je vais y arriver », « Hey ! mais c’est pas trop mal jusque là ! », « Je kiffe ce que je fais ».
La concentration
Pour détourner son attention du vide et de la peur de tomber, Alexaner travaille aussi beaucoup sa concentration. Il s’entraîne à faire abstraction de toute perturbation, extérieure ou intérieure, pendant le plus longtemps possible.
Comme toujours, c’est une technique qui se travaille. Il s’entraîne sur des périodes plus longues dans des situations non stressantes. Dans son cas, il tend une slackline entre deux arbres dans un parc et il fait des allers-retours pendant une heure ou deux… Et il se concentre sur ses pieds, le balancement de la slackline, son souffle, la musique dans ses écouteurs… Il efface tout ce qu’il y a autour, il ne reste que lui et la line.
Tu peux imaginer, toi aussi, faire cet exercice en pratiquant ce qui te fait peur à un niveau facile pour toi. Fais-le en étant consciemment concentré sur ce que tu fais, en ne prêtant attention à rien d’autre. Tu profiteras a fond de ton activité et tu pourras plus facilement retrouver cet état de concentration intense quand tu seras face à ton démon.
Cedric Dumont : Développe un état d’hyper-conscience
Cedric est un BASE jumper. Son truc à lui pour court-circuiter la peur, c’est de se concentrer sur le moment présent. Ne pas penser aux erreurs que tu as pu commettre dans le passé, ou à ce qui pourrait arriver dans le futur. Alors évidemment, quand tu fais du BASE jump, c’est relativement facile de s’occuper l’esprit avec tout ce à quoi tu dois penser en vol. Mais c’est aussi à ta portée si tu es un peu moins extrême, avec un peu d’entraînement. (Y a comme un air de déjà vu avec l’astuce précédente, non ?)
Si tu es trop concentré sur ce qui va se passer après, tu es moins à ce que tu es en train de faire, et donc moins efficace. Pareil si tu ressasse sans arrêt tes erreurs passées, elles te parasitent et t’empêchent d’être au maximum de tes capacités. Il se peut même qu’elles te paralysent et t’empêchent d’avancer. Alors on laisse tomber tout ça deux minutes, hein, et on se recentre sur le moment présent.
En plus (je vais enfoncer encore un peu le clou), si tu es pleinement concentré sur ce que tu fais MAINTENANT, tu te mets dans un état de productivité intense. C’est ce que Cedric appelle l’état d' »hyper-conscience ». Tu ne te laisses pas distraire par des pensées parasites , tu te dédies entièrement à ce que tu fais, et du coup, tu es beaucoup plus efficace. Ca vaut la peine d’essayer, ça pourrait te faire gagner un temps considérable ! 🙂
Dan Goodwin : Visualise
Dan Goodwin, son truc à lui, c’est de grimper des immeubles. Il en a déjà pas mal à son actif, comme (feu) le World Trade Center de New York (540 m) ou la CN Tower à Toronto (532 m), pour les plus impressionnants.
Une des plus grandes difficultés que rencontre Dan dans ses projets grimpe, c’est qu’il lui est impossible de s’entraîner sur un immeuble avant de se lancer pour de bon dans son ascension. Comme ils sont gardés jour et nuit, il ne lui reste que l’observation s’il ne veut pas ruiner ses chances. Du coup, il a développé un rituel de préparation qu’il applique avant chaque montée.
Le principe de visualisation
Avant de se lancer, il passe beaucoup de temps à visualiser la montée. La visualisation est une technique bien connue de tous les grands athlètes et de leurs coachs sportifs. Et comme je suis un peu ta coach perso (mohahaha), je vais t’expliquer pour que tu puisses tester. Le principe, c’est que tu t’imagines monter ta voie (ou ton immeuble, mais je ne conseille pas l’immeuble. Vraiment pas. Reste sur le caillou. Avec une corde.) Mais attention, il faut que tu imagines ça de manière la plus réaliste et la plus précise possible. Ne laisse rien au hasard, ressens chaque mouvement, sens le soleil sur ta peau, l’odeur qui flotte dans l’air… Plus ton image sera précise, plus ce sera efficace.
Berne ton cerveau
Vois-tu, ton cerveau ne sait pas faire la différence entre une scène que tu imagine de toutes pièces (surtout si elle est réaliste et pleine de détails), et un VRAI souvenir, que tu as vraiment vécu. Du coup, si tu lui fais croire que tu as déjà grimpé ta voie, et que tout s’est bien passé, il va se dire que tu vas immanquablement y arriver, puisque tu l’as déjà fait. Facile ! Du coup, tu es moins stressé par la peur de l’échec. Puisque tu as déjà réussi, tu sais faire. Et tu as moins peur. Bingo. Des études ont même montré que tes muscles se contractent vraiment quand tu visualises une action sportive ! (Un petit peu moins que si tu le faisais vraiment, mais quand même !)
Rebecca Williams : Pratique la pleine conscience
Tabou
Psychologue et coach d’escalade, Rebecca Williams remarque que la peur est souvent un tabou. On veut être accepté dans la communauté des grimpeurs, qui ont une image assez badass, donc on n’ose pas avouer sa peur. Comme on ne sait pas la gérer, on la refoule, on l’enfouit. On veut faire bonne figure, on a du mal à avouer nos faiblesses, nos échec, aux autres et à nous même. Alors que pour travailler dessus et la vaincre, il faut commencer par la reconnaître.
Méditation
Pour gérer la peur, une des méthodes proposées par Rebecca est la méditation. Lorsque tu es envahi par des pensées négatives (type « Ooooh mon dieu, je vais tomber ! Elle est beaucoup trop loin cette prise, j’y arriverai jamais ! »), laisse les simplement partir.
Certains seraient tentés de porter leur attention sur ces pensées négatives, et de les contrer en leur opposant la pensée inverse, en version positive (c’est d’ailleurs une méthode largement répandue). Dans ce cas, tu vas te retrouver avec une merveilleuse affirmation positive, mais à laquelle tu ne croiras pas vraiment, du coup ça ne marchera pas. Et tu auras accordé beaucoup trop d’importance et d’énergie à tes pensées négatives.
Au lieu de ça, focalise-toi sur autre chose : ton corps, ton souffle. Recentre-toi sur toi-même, sur le moment présent, tes sensations physiques. Sens le caillou sous tes doigts, l’air entrer dans tes poumons, le vent sur ta peau… et tes pensées bloquantes disparaîtront toutes seules.
Relaxation, autohypnose
Tu peux aussi t’essayer à l’auto hypnose. Pour cela, commence par scanner ton corps, d’un bout à l’autre. A chaque fois que tu perçois une zone de tension, relâche consciemment tes muscles. Ferme les yeux et comptes à rebours de 20 a 1, en essayant d’être un peu plus détendu à chaque décompte. Une fois arrivé à 1, imagine-toi dans une situation apaisante. Ca peut être au bord de la mer, devant un bon feu alors qu’il neige dehors ou dans ton bain, du moment que tu te sens bien.
Cette technique te permet de ralentir ton rythme cardiaque et de diminuer le taux d’adrénaline dans ton corps. Bref, ça te calme. Prend l’habitude de faire cet exercice avant chaque tâche stressante.
Commence par essayer de le faire quand tu es calme. Puis, quand tu as constaté que ça fonctionne sur toi, essaye de le pratiquer dans des situations qui ressemblent à celles que tu redoutes. (Par exemple au pied de la voie qui te terrifie, ou dans la salle de réunion où aura lieu le meeting qui t’angoisse). Enfin, juste avant de te lancer le jour J, prends quelques minutes pour te mettre en condition en faisant tout le processus. Fais-le, même si tu te sens un peu seul ou ridicule. Au mieux, isole-toi un peu pour être tranquille.
Réduis la pression
Troisième et dernière technique proposée par Rebecca, relâche un peu la pression ! Tu te fais toute une montagne de ce discours à prononcer devant plein de gens, ou de cette performance qu’il ne faut ABSOLUMENT pas rater… Mais détends-toi un peu ! Je te propose un petit exercice pour t’aider à relâcher la pression.
Répète ce qui te fait peur, en faisant exprès de tout faire tourner à la catastrophe. Et tourne-le en dérision ! Par exemple, si ce qui te terrorise, c’est parler devant des gens, entraîne toi tout seul, ou devant quelques amis, et trébuche en arrivant sur scène, bégaye, perds le fil de ton discours… Et fais des vannes dessus, fais de l’autodérision. Tu verras, ça détend, ça dédramatise, et ça décomplexe.
Le jour J, n’essaie pas à tout prix de faire un sans faute, mais au contraire accepte de faire des erreurs, et prends les avec légèreté. (Tu auras eu un bon entraînement !) Et puis c’est pas si grave, tout le monde fait des bourdes, et c’est vachement plus drôle d’en rire. 🙂
J’espère que tes conseils t’aideront ! Je te recommande vraiment de tous les essayer (oui oui, j’ai bien dit TOUS). C’est le meilleur moyen de savoir lesquels fonctionnent sur toi. 🙂
Si toi aussi tu as ton petit truc pour te calmer et rester zen face à une situation stressante, partage ça en commentaire, je suis vraiment curieuse de connaître tes astuces !
En attendant je te dis à bientôt, bonne grimpe, et reste zen ! 🙂